Daniel Diez, à gauche, aux côtés de Luis Guevara
"La Télévision Serrana, explique son fondateur, est apparue à une époque où la réalité du pays que reflétaient les médias tournait autour de la ville de La Havane et des capitales provinciales, et le risque était grand d'oublier les racines cubaines. S'agissant de la Sierra et de ses paysans, on ne parlait que des questions de production, on ne comprenait pas qu'ils ont aussi une voix et des histoires intéressantes à raconter".
Plus de 500 documentaires ont été tournés durant ces vingt années. La 12ème Muestra des jeunes réalisateurs de l'Institut Cubain de l'Art et de l'Industrie Cinématographiques (ICAIC) vient de rendre hommage à la TV Serrana, deux jours durant, à La Havane, en projetant onze de ces documentaires. En 2012, Carlos Rodriguez et Luis Guevara ont été récompensés par la prix Caracol décerné par l'Union Nationale des Ecrivains et Artistes Cubains (UNEAC).
Ariagna Fajardo, jeune réalisatrice à la TV Serrana qui nous a rendu visite à Montpellier l'année passée, définit bien l'essence de cette TV communautaire : " La majorité des gens qui travaillent à la TV Serrana sont d'ici, de la campagne. Nous sommes nés dans cette réalité. Nous n'avons pas à sortir d'ici pour trouver un sujet à traiter. Ce sont nos problèmes, nos difficultés de chaque jour que nous racontons...Nous voulons que les gens d'ici aient le sentiment que c'est leur télévision, non pas parce que nous le disons, mais parce que nous essayons de montrer leur quotidien de la façon la plus détaillée...La vie des enfants, des femmes, de celles qui restent à la maison, de celles qui travaillent au dehors. Les hommes, avec leurs problèmes dans les coopératives, ou avec leurs fêtes, leurs joies, leurs tabous...Normalement, il n'y a pas de diffusion de ces documentaires. Mais nous les montrons dans chaque communauté. Nous essayons toujours d'organiser la première projection d'un film là où il a été tourné. C'est l'occasion pour chaque réalisateur de dialoguer avec les gens, de parler avec le public, avec les personnages qui disent s'ils ont aimé ou non".
Ce projet est désormais reconnu et admiré hors de Cuba : plusieurs réalisateurs ont été invités ces dernières années par des institutions étrangères. En septembre 2013, Montpellier Cuba Solidarité recevra Luis Guevara, directeur de la photographie à la TV Serrana : belle occasion de faire découvrir au public français le quotidien des habitants de la mythique Sierra Maestra et de fêter ici, à notre manière, le 20ème anniversaire de cette institution exemplaire.
Documentaires en notre possession :
Comme un rayon de lumière : 2009 VOSTF 14'28. Documentaire d'Ariagna Fajardo. Récit de la création de la TV Serrana. Témoignages divers.
La chivichana : 2000 VOSTF 13'36. Documentaire de Waldo Ramirez. La chivichana est cette planche à roulettes utilisée par les paysans sur la route de la Plata.
Los ecos y la niebla : 2004 VOSTF 17'45 Documentaire de Rigoberto Jimenez. Une journée d'Antonio Civil Felix, descendant d'Haïtiens, qui vit dans la solitude près du pic Turquino, le plus haut sommet de Cuba.
Barrio nuevo : 2008 VOSTF 21'30 Documentaire de Rigoberto Jimenez. Sur les difficultés rencontrées au quotidien par les habitants de Las Guasimas, commune voisine de San Pablo de Yao.
Bohio : 2010 VO 13' Documentaire de Carlos Rodriguez. Les bohios sont ces maisons de bois dans lesquelles vivent encore 40 000 familles dans la province orientale de Granma. ( Très peu de dialogues)
Papalotes : 2011 14'35 VO (peu ou pas de dialogues) Documentaire d'Ariagna Fajardo. Sélectionné par le festival de cine latino de Toulouse, en 2012. Regards sur la vie rurale. Pêcheurs, agriculteurs, voyageurs, tout un monde figé dans l'attente.
Al sur, el mar : 2012 23' VOSTF. Documentaire d'Ariagna Fajardo. Sélectionné en 2012 à Biarritz au festival Amérique latine. Le quotidien d'une famille qui vit au pied de la Sierra Maestra, au bord de la mer des Caraïbes.
La casita : 2011 VOSTF. Documentaire d'Ariagna Fajardo. Le quotidien d'un père qui élève ses trois petites filles, au pied de la Sierra, après le départ de sa femme. Il vit de la pêche, dans la mer des Caraïbes.
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